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Je m’autorise à emprunter le concept de « l’étranger » pour exprimer une souffrance qui ne se laisse pas enfermer dans un temps ni dans un espace. Je la délie des mots, des catégories, des définitions, de l’histoire, des étiquettes et, a fortiori, des diagnostics.
La souffrance dont je parle est celle d’un être qui s’identifie comme un non-être, plus précisément comme une ombre invisible et répugnante, qui devrait — selon lui — être anéantie plutôt que reconnue ou mise en valeur.
Ce que j’appelle « les étrangers », ce sont toutes ces identités invisibles qui, à un moment de leur existence, luttent entre une vie imposée et une mort désirée. Ceux qui ont existé et qui continuent d’exister à travers le temps et l’espace, en contraste permanent avec les identités visibles.
Les étrangers sont là. Leur souffrance peut être individuelle ou collective, psychologique ou sociale, reconnue ou ignorée, passagère ou durable… Elle dépend de chaque personne, de ses représentations, de ses contextes, des enjeux propres à son époque, à son histoire, à sa famille, à sa société, à son environnement économique, politique ou scientifique.
Parfois, on les remarque et on les nomme, mais à travers des concepts génériques, trop paraboliques, qui les trahissent plus qu’ils ne les définissent. L’ambiguïté des couleurs du caméléon échappe aux classifications reconnues, tout comme la profondeur et l’opacité du vide qui les caractérisent — cet étrange vide, arme à double tranchant, à la fois étouffant et libérateur.
Souvent, les étrangers sont relégués dans la catégorie des invisibles : les « no-names », les sans-noms, les non-classables, les non-identifiables, les non-spécifiques, les incompris…



