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Selon Poujol, « la plupart des problèmes des gens se ramènent à un problème d’identité ». Il définit l’identité comme « la façon dont je me ressens, me situe, me vois, me décris, m’évolue… ».
On peut dire que l’identité est le fruit d’une perception et d’une représentation que l’être a de lui-même et du monde qui l’entoure — une perception à la fois consciente et inconsciente, qui dépasse ce qu’il est réellement. L’être n’est donc pas seulement ce qu’il est, mais aussi ce qu’il croit être.
Chaque personne façonne ainsi une identité à partir de ce qui lui paraît tangible dans sa vie, à l’image d’un potier qui modèle un vase à partir d’une boule d’argile. L’art de la poterie peut, à mon sens, symboliser ce processus de « fabrication des identités ».
Le potier fait interagir l’argile avec le mouvement de ses mains, en harmonie avec la rotation, plus ou moins régulière, de la girelle (le plateau circulaire sur lequel l’argile est placée et façonnée). L’objet prend progressivement forme grâce à un rythme souple et fluide, qui s’organise autour d’un axe vertical. Cet axe, invisible mais essentiel, est relié à une pédale qui régule tout le mouvement de la tour.
Cet axe vertical peut symboliser le champ des émotions et des besoins d’une personne. Reliés à son âge, à son stade de développement et à l’époque dans laquelle elle vit, ces émotions et besoins évoluent au fil du temps.
C’est aussi autour de ce champ d’émotions et de besoins que se construit le récit de vie d’une personne, nourri d’événements marquants : transitions, pertes, deuils, traumatismes, succès ou échecs. Comme l’axe du tour de potier qui met en mouvement la girelle, ces émotions et ces besoins activent le déroulement de l’histoire personnelle et collective, révélant peu à peu les traits de la personnalité et le sens — ou le non-sens — d’une vie.
De la même manière que les mains du potier façonnent l’objet en épousant le mouvement régulier de la tour, l’individu façonne progressivement son identité (ce qu’il pense être) à travers l’interaction entre ses émotions, ses besoins et son histoire.
Mais alors, l’identité de « l’étranger » ne ressemble-t-elle pas à un objet déformé — un vase façonné malgré lui par des gestes déséquilibrés et un rythme déréglé ? Un contenant qui ne peut rien contenir, privé d’allure et de fonction ?



